Page:Hérodote - Histoire, trad. Larcher, tome 1, 1850.djvu/362

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
363
MELPOMÈNE, LIVRE IV.

CXI. Les Scythes ne pouvaient deviner qui étaient ces ennemis, dont ils ne connaissaient ni le langage ni l’habit ; ils ignoraient aussi de quelle nation ils étaient, et, dans leur surprise, ils n’imaginaient pas d’où ils venaient. Trompés par l’uniformité de leur taille, ils les prirent d’abord pour des hommes, et, dans cette idée, ils leur livrèrent bataille. Mais ils reconnurent, par les morts restés en leur pouvoir après le combat, que c’étaient des femmes. Ils résolurent, dans un conseil tenu a ce sujet, de n’en plus tuer aucune ; mais de leur envoyer les plus jeunes d’entre eux en aussi grand nombre qu’ils conjecturaient qu’elles pouvaient être, avec ordre d’asseoir leur camp près de celui des Amazones, de faire les mêmes choses qu’ils leur verraient faire, de ne pas combattre quand même elles les attaqueraient, mais de prendre la fuite, et de s’approcher et de camper près d’elles lorsqu’elles cesseraient de les poursuivre. Les Scythes prirent cette résolution, parce qu’ils voulaient avoir des enfants de ces femmes belliqueuses.

CXII. Les jeunes gens suivirent ces ordres : les Amazones, ayant reconnu qu’ils n’étaient pas venus pour leur faire du mal, les laissèrent tranquilles. Cependant les deux camps s’approchaient tous les jours de plus en plus. Les jeunes Scythes n’avaient, comme les Amazones, que leurs armes et leurs chevaux, et vivaient, comme elles, de leur chasse et du butin qu’ils pouvaient enlever.

CXIII. Vers l’heure de midi, les Amazones s’éloignaient du camp, seules ou deux à deux, pour satisfaire aux besoins de la nature. Les Scythes, s’en étant aperçus, firent la même chose. Un d’entre eux s’approcha d’une de ces Amazones isolées, et celle-ci, loin de le repousser, lui accorda ses faveurs. Comme elle ne pouvait lui parler, parce qu’ils ne s’entendaient pas l’un et l’autre, elle lui dit par signes de revenir le lendemain au même endroit avec un de ses compagnons, et qu’elle amènerait aussi une de ses compagnes. Le jeune Scythe, de retour au camp, y raconta son aventure ; et le jour suivant il revint avec un autre Scythe au même endroit, où il trouva l’Amazone, qui l’attendait avec une de ses compagnes.