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MELPOMÈNE, LIVRE IV.

peaux, c’est presque la plus brillante par sa blancheur. D’autres enfin écorchent des hommes depuis les pieds jusqu’à la tête, et lorsqu’ils ont étendu leurs peaux sur des morceaux de bois, ils les portent sur leurs chevaux. Telles sont les coutumes reçues parmi ces peuples.

LXV. Les Scythes n’emploient pas à l’usage que je vais dire toutes sortes de têtes indifféremment, mais celles de leurs plus grands ennemis. Ils scient le crâne au-dessous des sourcils, et le nettoient. Les pauvres se contentent de le revêtir par dehors d’un morceau de cuir de bœuf, sans apprêt : les riches non-seulement le couvrent d’un morceau de peau de bœuf, mais ils le dorent aussi en dedans, et s’en servent, tant les pauvres que les riches, comme d’une coupe à boire. Ils font la même chose des têtes de leurs proches, si, après avoir eu quelque querelle ensemble, ils ont remporté sur eux la victoire en présence du roi. S’il vient chez eux quelque étranger dont ils fassent cas, ils lui présentent ces têtes, lui content comment ceux à qui elles appartenaient les ont attaqués, quoiqu’ils fussent leurs parents, et comment ils les ont vaincus. Ils en tirent vanité, et appellent cela des actions de valeur.

LXVI. Chaque gouverneur donne tous les ans un festin dans son nome, où l’on sert du vin mêlé avec de l’eau dans un cratère. Tous ceux qui ont tué des ennemis boivent de ce vin : ceux qui n’ont rien fait de semblable n’en goûtent point ; ils sont honteusement assis à part, et c’est pour eux une grande ignominie. Tous ceux qui ont tué un grand nombre d’ennemis boivent, en même temps, dans deux coupes jointes ensemble.

LXVII. Les devins sont en grand nombre parmi les Scythes, et se servent de baguettes de saule pour exercer la divination. Ils apportent des faisceaux de baguettes, les posent à terre, les délient, et, lorsqu’ils ont mis à part chaque baguette, ils prédisent l’avenir. Pendant qu’ils l’ont ces prédictions, ils reprennent les baguettes l’une après l’autre, et les remettent ensemble. Ils ont appris de leurs ancêtres cette sorte de divination. Les Énarées, qui sont des hommes efféminés, disent qu’ils tiennent ce don de Vénus. Ils se servent, pour exercer leur art, d’écorce