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THALIE, LIVRE III.

tiles y sont beaucoup plus grands que dans les autres pays ; mais les chevaux y sont plus petits que ceux de la Médie, qu’on appelle Niséens. Ce pays abonde en or : on le tire des mines, des fleuves, qui le charrient avec leurs eaux, et de la manière dont nous avons dit qu’on l’enlevait. On y voit, outre cela, des arbres sauvages qui, pour fruit, portent une espèce de laine[1] plus belle et meilleure que celle des brebis. Les Indiens s’habillent avec la laine qu’ils recueillent sur ces arbres.

CVII. Du côté du midi, l’Arabie est le dernier des pays habités. C’est aussi le seul où l’on trouve l’encens[2], la myrrhe, la cannelle, le cinnamome, le lédanon. Les Arabes recueillent toutes ces choses avec beaucoup de peine, excepté la myrrhe.

Pour récolter l’encens, ils font brûler sous les arbres qui le donnent une gomme appelée styrax, que les Phéniciens apportent aux Grecs. Ils brûlent cette gomme pour écarter une multitude de petits serpents volants, d’espèces différentes, qui gardent ces arbres, et qui ne les quitteraient pas sans la fumée du styrax. Ce sont ces sortes de serpents qui volent par troupes vers l’Égypte.

CVIII. Les Arabes disent aussi que tout le pays serait rempli de ces serpents, s’il ne leur arrivait la même chose que nous savons arriver aux vipères. C’est la Providence divine dont la sagesse a voulu, comme cela est vraisem-

  1. C’est le coton. Les anciens l’appelaient byssus, et le regardaient comme une espèce de lin, et tantôt comme une sorte de laine qui croissait sur un arbre dans l’Inde. Théophraste appelle ces arbrisseaux arbres portant laine, ἐριοφόρα δένδρα. Ctésias dit, au rapport de Varron, qu’il y a dans l’Inde des arbres qui portent de la laine. Pomponius Méla est du même avis. « L’Inde, dit-il, est si grasse et si fertile, que le miel découle des feuilles des arbres, et que les bois y portent de la laine. » Il ajoute ensuite que les Indiens sont habillés de lin, ou de la laine dont il vient de parler. Cet auteur confond ici le lin avec le coton, les Indiens n’ayant jamais connu le lin. (L.)
  2. L’arbre qui porte l’encens ne croît qu’en Arabie ; on le trouve particulièrement dans cette partie qu’on appelle Thurifère, dans un canton qui est vers le milieu de l’Arabie, après les Atramites, proche la ville de Saba, capitale du pays des Sabéens. Ce canton est naturellement inaccessible, étant entouré de rochers. On y voit des forêts d’encens qui ont vingt schènes de long sur dix de large. Elles sont voisines des Minéens, qui habitent un autre pays par lequel on apporte l’encens, et de là vient qu’anciennement on appelait l’encens thus minæum. (L.)

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