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THALIE, LIVRE III.

d’or. En réunissant toutes ces sommes, on verra que Darius retirait par an un tribut de quatorze mille cinq cent soixante talents euboïques, sans y comprendre d’autres sommes plus petites que je passe sous silence.

XCVI. Tels étaient les revenus que Darius tirait de l’Asie et d’une petite partie de la Libye. Il leva aussi, dans la suite, des impôts sur les îles, ainsi que sur les peuples qui habitaient l’Europe jusqu’en Thessalie. Le roi met ses revenus dans ses trésors, et voici comment. Il fait fondre l’or et l’argent dans des vaisseaux de terre ; lorsqu’ils sont pleins, on ôte le métal du vaisseau, et, quand il a besoin d’argent, il en fait frapper autant qu’il lui en faut.

XCVII. Tels sont les différents gouvernements et les impôts auxquels ils sont soumis. La Perse est la seule province que je n’aie point mise au rang des pays tributaires. Ses peuples en font valoir les terres sans payer d’impôts ; mais, s’ils ne sont point taxés, ils accordent du moins un don gratuit. Il en était de même des Éthiopiens, voisins de l’Égypte, que Cambyse subjugua dans son expédition contre les Éthiopiens-Macrobiens, et de ceux qui habitent la ville sacrée de Nyse, et qui célèbrent des fêtes en l’honneur de Bacchus. Ces Éthiopiens et leurs voisins observent, à l’égard des morts, les mêmes coutumes que les Indiens-Calaties, et leurs maisons sont sous terre. Ces deux peuples portaient tous les trois ans au roi deux chénices d’or fin, avec deux cents troncs d’ébène et vingt grandes dents d’éléphant. De plus, ils lui présentaient cinq jeunes Éthiopiens ; et cet usage s’observait encore de mon temps.

Les peuples de Colchide se taxaient eux-mêmes pour lui faire un présent, ainsi que leurs voisins, jusqu’au mont Caucase ; car tout le pays, jusqu’à cette montagne, est soumis aux Perses ; mais les nations qui habitent au nord du Caucase ne tiennent aucun compte d’eux. Ces peuples avaient coutume d’envoyer pour don gratuit, de cinq en cinq ans, cent jeunes garçons et autant de jeunes filles. Ce présent, auquel ils s’étaient taxés eux-mêmes, se faisait encore de mon temps. Les Arabes donnaient aussi tous les ans au roi mille talents[1] d’encens. Tels étaient les pré-

  1. 51 432 livres 4 onces 5 gros 24 grains.