Page:Hérodote - Histoire, trad. Larcher, tome 1, 1850.djvu/280

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
281
THALIE, LIVRE III.

LXXXVII. Tel fut, suivant quelques-uns, le moyen dont se servit Œbarès ; mais d’autres rapportent le fait différemment, car les Perses le content de deux manières. Ils disent donc qu’Œbarès passa la main sur les parties naturelles de cette cavale, et qu’ensuite il la tint cachée sous sa ceinture[1] ; que dans le moment que le soleil commençait à paraître, les chevaux faisant le premier pas pour se mettre en marche, il la tira de sa ceinture, l’approcha des naseaux du cheval de Darius ; que cet animal, sentant l’odeur de la cavale, se mit à ronfler et à hennir.

LXXXVIII. Darius, fils d’Hystaspe, fut proclamé roi ; et tous les peuples de l’Asie, qui avaient été subjugués par Cyrus et ensuite par Cambyse, lui furent soumis, excepté les Arabes. Ceux-ci, en effet, n’ont jamais été esclaves des Perses[2], mais leurs alliés. Ils donnèrent passage à Cambyse pour entrer en Égypte. S’ils s’y fussent opposés, l’armée des Perses n’aurait jamais pu y pénétrer. Ce fut avec des femmes perses que Darius contracta ses premiers mariages : il épousa deux filles de Cyrus, Atosse et Artystone. Atosse avait été femme de son frère Cambyse, et ensuite du mage ; Artystone était encore vierge. Il prit ensuite pour femme Parmys, fille de Smerdis fils de Cyrus, et Phédyme, fille d’Otanes, qui avait découvert l’imposture du mage.

Sa puissance étant affermie de tous côtés, il commença par faire ériger en pierre sa statue équestre, avec cette inscription : Darius, fils d’Hystaspe, est parvenu à l’empire des Perses par l’instinct de son cheval (son nom était marqué dans l’inscription) et l’adresse d’Œbarès, son écuyer.

    Par conséquent, Darius avait environ vingt-neuf ans lorsqu’il parvint à la couronne. (L.)

  1. Le grec porte dans ses anaxyrides. Les anaxyrides étaient de larges culottes qui descendaient jusqu’à la cheville du pied. (L.)
  2. Les Arabes n’ont jamais été asservis, et à présent ils sont encore indépendants. « Cette nation a été de tout temps extrêmement jalouse de sa liberté ; elle n’a jamais admis de prince étranger. Aussi les rois de Perse, et après eux les rois de Macédoine, n’ont jamais pu les subjuguer. Des forces étrangères ne peuvent s’emparer de leur pays, parce qu’il est en partie désert et qu’il manque d’eau, et qu’il y a seulement, d’espace en espace, des puits cachés qui ne sont connus que des habitants. » (Diodore de Sicile, lib. ii, § i.) (L.)

24*