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EUTERPE, LIVRE II.

était né. Par ce moyen, l’assiette des villes devint encore plus haute qu’elle ne l’était auparavant : elles avaient déjà été rehaussées sous le règne de Sésostris par ceux qui avaient creusé les canaux ; mais elles le furent beaucoup plus sous la domination de l’Éthiopien. Bubastis est, de toutes les villes d’Égypte, celle dont on éleva le plus le terrain par les ordres de Sabacos.

CXXXVIII. Dans cette ville est un temple de Bubastis qui mérite qu’on en parle. On voit d’autres temples plus grands et plus magnifiques ; mais il n’y en a point de plus agréable à la vue. Bubastis est la même que Diane parmi les Grecs. Son temple fait une presqu’île, où il n’y a de libre que l’endroit par où l’on entre. Deux canaux du Nil, qui ne se mêlent point ensemble, se rendent à l’entrée du temple, et de là se partagent, et l’environnent, l’un par un côté, l’autre par l’autre. Ces canaux sont larges chacun de cent pieds, et ombragés d’arbres. Le vestibule a dix orgyies de haut ; il est orné de très-belles figures de six coudées de haut. Ce temple est au centre de la ville. Ceux qui en font le tour le voient de tous côtés de haut en bas ; car, étant resté dans la même assiette où on l’avait d’abord bâti, et la ville ayant été rehaussée par des terres rapportées, on le voit en entier de toutes parts. Ce lieu sacré est environné d’un mur sur lequel sont sculptées grand nombre de figures. Dans son enceinte est un bois planté autour du grand temple : les arbres en sont très-hauts. La statue de la déesse est dans le temple. Le lieu sacré a, en tout sens, un stade de long sur autant de large. La rue qui répond à l’entrée du temple traverse la place publique, va à l’est, et mène au temple de Mercure ; elle a environ trois stades de long sur quatre plèthres de large, et est pavée et bordée des deux côtés de très-grands arbres.

CXXXIX. Voici comment l’Égypte, ajoutaient les mêmes prêtres, fut délivrée de Sabacos. Une vision qu’il eut pendant son sommeil lui fit prendre la fuite. Il s’imagina voir un homme qui lui conseillait de rassembler tous les prêtres d’Égypte, et de les faire couper en deux par le milieu du corps. Ayant fait ses réflexions sur cette vision, il dit qu’il lui semblait que les dieux lui présentaient un

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