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HISTOIRE D’HÉRODOTE.

plus bas prix[1]. Ils demandent ensuite suivant lequel de ces trois modèles on souhaite que le mort soit embaumé. Après qu’on est convenu du prix, les parents se retirent : les embaumeurs travaillent chez eux, et voici comment ils procèdent à l’embaumement le plus précieux.

D’abord ils tirent la cervelle par les narines, en partie avec un ferrement recourbé, en partie par le moyen des drogues qu’ils introduisent dans la tête ; ils font ensuite une incision dans le flanc avec une pierre d’Éthiopie tranchante ; ils tirent par cette ouverture les intestins, les nettoient, et les passent au vin de palmier ; ils les passent encore dans des aromates broyés ; ensuite ils remplissent le ventre de myrrhe pure broyée, de cannelle et d’autres parfums, l’encens excepté ; puis ils le recousent. Lorsque cela est fini, ils salent le corps, en le couvrant de natrum pendant soixante et dix jours. Il n’est pas permis de le laisser séjourner plus longtemps dans le sel. Ces soixante et dix jours écoulés, ils lavent le corps, et l’enveloppent entièrement de bandes de toile de coton, enduites de commi[2] dont les Égyptiens se servent ordinairement comme de colle. Les parents retirent ensuite le corps ; ils font faire en bois un étui de forme humaine, ils y renferment le mort, et le mettent dans une salle destinée à cet usage ; ils le placent droit contre la muraille. Telle est la manière la plus magnifique d’embaumer les morts.

LXXXVII. Ceux qui veulent éviter la dépense choisissent cette autre sorte : on remplit des seringues d’une liqueur onctueuse qu’on a tirée du cèdre ; on en injecte le ventre du mort, sans y faire aucune incision, et sans en tirer les intestins. Quand on a introduit cette liqueur par le fondement, on le bouche, pour empêcher la liqueur injectée de sortir ; ensuite on sale le corps pendant le temps

  1. L’embaumement de la première façon coûte un talent d’argent ou 5 400 l. de notre monnaie ; celui de la seconde, vingt mines ou 1 800 liv. ; et celui de la dernière, peu de chose. (L.)
  2. C’est la gomme arabique. On la tire de l’acacia, arbre très-commun dans la haute Égypte, où il est connu sous le nom de sount, de même qu’il l’est sous celui de cyale dans l’Arabie Pétrée. Strabon appelle cet arbre épine de la Thébaïde, et remarque qu’il produit de la gomme. (L.)