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EUTERPE, LIVRE II.

cette empreinte. Telle est la manière dont on examine ces animaux.

XXXIX. Voici les cérémonies qui s’observent dans les sacrifices : on conduit l’animal ainsi marqué à l’autel où il doit être immolé ; on allume du feu ; on répand ensuite du vin sur cet autel, et près de la victime qu’on égorge, après avoir invoqué le dieu ; on en coupe la tête, et on dépouille le reste du corps ; on charge cette tête d’imprécations ; on la porte ensuite au marché, s’il y en a un, et s’il s’y trouve des marchands grecs, on la leur vend ; mais ceux chez qui il n’y a point de Grecs la jettent à la rivière[1]. Parmi les imprécations qu’ils font sur la tête de la victime[2], ceux qui ont offert le sacrifice prient les dieux de détourner les malheurs qui pourraient arriver à toute l’Égypte ou à eux-mêmes, et de les faire retomber sur cette tête. Tous les Égyptiens observent également ces mêmes rites dans tous leurs sacrifices, tant à l’égard des têtes des victimes immolées qu’à l’égard des libations de vin. C’est en conséquence de cet usage qu’aucun Égyptien ne mange jamais de la tête d’un animal, quel qu’il soit. Quant à l’inspection des entrailles et à la manière de brûler les victimes, ils suivent différentes méthodes, selon la différence des sacrifices.

XL. Je vais parler maintenant de la déesse Isis, que les Égyptiens regardent comme la plus grande de toutes les divinités, et de la fête magnifique qu’ils célèbrent en son honneur. Après s’être préparés à cette fête par des jeûnes et par des prières, ils lui sacrifient un bœuf. On le dépouille ensuite, et on en arrache les intestins ; mais on laisse les entrailles et la graisse. On coupe les cuisses, la superficie du haut des hanches, les épaules et le cou. Cela fait, on remplit le reste du corps de pains de pure farine, de miel, de raisins secs, de figues, d’encens, de myrrhe et d’autres substances odoriférantes. Ainsi rempli, on le brûle, en répandant une grande quantité d’huile sur le feu. Pendant

  1. « Comme les Ombites, dit Élien, ne veulent point manger de la tête des animaux qu’ils ont sacrifiés, ils la portent aux crocodiles et la leur jettent. Les crocodiles dansent autour de cette tête. » (L.)
  2. Ces imprécations ont beaucoup de conformité avec ce qui s’observait chez les Juifs à l’occasion du bouc émissaire. (Levitic., cap. xvi, v. 21.)