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HISTOIRE D’HÉRODOTE.

terres, et, s’il en vient, ils ne les mangent ni crues ni cuites[1]. Les prêtres n’en peuvent pas même supporter la vue ; ils s’imaginent que ce légume est impur. Chaque dieu a plusieurs prêtres et un grand prêtre. Quand il en meurt quelqu’un, il est remplacé par son fils[2].

XXXVIII. Ils croient que les bœufs mondes (purs) appartiennent à Épaphus, et c’est pourquoi ils les examinent avec tant de soin. Il y a même un prêtre destiné pour cette fonction. S’il trouve sur l’animal un seul poil noir[3], il le regarde comme immonde. Il le visite et l’examine debout et couché sur le dos ; il lui fait ensuite tirer la langue, et il observe s’il est exempt des marques dont font mention les livres sacrés, et dont je parlerai autre part. Il considère aussi si les poils de la queue sont tels qu’ils doivent être naturellement.

Si le bœuf est exempt de toutes ces choses, il est réputé monde ; le prêtre le marque avec une corde d’écorce de byblos, qu’il lui attache autour des cornes ; il y applique ensuite de la terre sigillaire, sur laquelle il imprime son sceau ; après quoi on le conduit à l’autel ; car il est défendu, sous peine de mort, de sacrifier un bœuf qui n’a point

  1. C’est en Égypte que Pythagore avait pris de l’aversion pour les fèves. On sait qu’il avait été instruit par Œnuphis, prêtre d’Héliopolis.
  2. Les prêtres, chez les Égyptiens, composaient une classe d’hommes, tels que les lévites parmi les Juifs, et les brachmanes chez les Indiens. Les enfants succédaient à leurs pères, et nul autre que ceux de race sacerdotale ne pouvait exercer les fonctions du ministère sacré. Diodore de Sicile remarque que les prêtres transmettaient à leurs enfants le même genre de vie ; et Eusèbe, que le fils tient de son père le sacerdoce, et que ce droit est héréditaire. Il y avait aussi à Athènes de certaines familles à qui étaient attachées les fonctions du sacerdoce, telles que les Eumolpides, les Céryces, les Étéobutades, etc. (L.)
  3. Les Égyptiens, persuadés que Typhon était roux, n’immolent que des bœufs de cette couleur. Ils observent cela avec une exactitude si scrupuleuse, que, s’il se trouve sur la victime un seul poil noir ou blanc, ou ne peut la sacrifier. Ils pensent en effet qu’on ne doit point offrir aux dieux des choses qui leur soient agréables, mais au contraire tous les animaux dans lesquels ont passé les âmes des scélérats et des hommes injustes. Ils avaient encore une autre raison, c’est qu’Apis était noir, avec quelques marques blanches. Les Juifs avaient pris des Égyptiens le sacrifice de la vache rouge sans tache. (Nomb, cap. xix, v. 2.)