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CLIO, LIVRE I.

en particulier, sans compter les chevaux de guerre, un haras de huit cents étalons et de seize mille cavales ; de sorte qu’on comptait vingt juments pour chaque étalon. On y nourrissait aussi une grande quantité de chiens indiens. Quatre grands bourgs, situés dans la plaine, étaient chargés de les nourrir, et exempts de tout autre tribut.

CXCIII. Les pluies ne sont pas fréquentes en Assyrie ; l’eau du fleuve y nourrit la racine du grain, et fait croître les moissons, non point comme le Nil, en se répandant dans les campagnes, mais à force de bras, et par le moyen de machines propres à élever l’eau ; car la Babylonie est, comme l’Égypte, entièrement coupée de canaux, dont le plus grand porte des navires. Il regarde le lever d’hiver, et communique de l’Euphrate au Tigre, sur lequel était située Ninive. De tous les pays que nous connaissons, c’est, sans contredit, le meilleur et le plus fertile en grains de Cérès (le blé). La terre n’essaye pas du tout d’y porter de figuiers, de vignes, ni d’oliviers : mais en récompense elle y est si propre à toutes sortes de grains, qu’elle rapporte toujours deux cents fois autant qu’on a semé, et que, dans les années où elle se surpasse elle-même, elle rend trois cents fois autant qu’elle a reçu. Les feuilles du froment et de l’orge y ont bien quatre doigts de large. Quoique je n’ignore pas à quelle hauteur y viennent les tiges de millet et de sésame[1], je n’en ferai point mention, persuadé que ceux qui n’ont point été dans la Babylonie ne pourraient ajouter foi à ce que j’ai rapporté des grains de ce pays. Les Babyloniens ne se servent que de l’huile qu’ils expriment du sésame. La plaine est couverte de palmiers. La plupart portent du fruit ; on en mange une partie, et de l’autre on tire du vin et du miel. Ils les cultivent de la même manière

  1. Le sésame est ce que nous appelons la jugéoline ou jugioline. C’est une herbe ou plante qui vient de graine. Sa tige est semblable à celle du millet mais plus haute et plus grosse ; ses feuilles sont rouges, et sa fleur verte et couleur d’herbe : sa graine est renfermée dans de petites capsules, comme celle du pavot. Il amaigrit la terre, parce qu’il a beaucoup plus de racines que le millet. Cette graine vient des Indes. On en tire une huile visqueuse, bonne à brûler et à manger. Dioscoride dit que les Égyptiens se servent de cette huile. (Bellanger.)

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