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le vit quitter la toge romaine et les insignes de la dignité impériale, pour se couvrir d’une peau de lion et armer sa main d’une massue. Mais en même temps il portait une tunique de pourpre brochée d’or, et rappelant ainsi, dans le même costume, le luxe recherché d’une femme et la force d’un héros, il osait s’exposer aux justes risées de la multitude. Il changea aussi le nom des mois, et substitua à leurs anciennes dénominations ses propres surnoms, qui presque tous se rapportaient à Hercule, comme au plus brave des héros. Il se fit ériger des statues dans tous les quartiers de Rome ; l’une d’elles, placée devant le sénat, avait un arc tendu à la main. Il voulait que ses images mêmes pussent inspirer la terreur. Mais, après sa mort, le sénat fit enlever ce marbre, et le remplaça par une statue de la liberté.

XLVII. Commode ne gardait plus de mesure. Il fit annoncer des jeux où il promettait de tuer de sa propre main toutes les bêtes qu’on lâcherait dans l’arène, et de combattre ensuite corps à corps les plus habiles gladiateurs. Dès que cette nouvelle se répandit, il vint de toute l’Italie et des contrées voisines une grande affluence, attirée par l’espoir d’un spectacle qui jamais n’avait eu lieu, et dont l’on n’avait même point d’idée. Son adresse à lancer le javelot et à tirer de l’arc était devenue célèbre ; il avait la réputation de ne jamais manquer le but. Il