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XXXII. Ses forces étaient trop peu considérables pour qu’il pût songer à combattre Commode ouvertement et en pleine campagne. Il n’ignorait pas d’ailleurs l’attachement que lui portaient la plus grande partie du peuple et les gardes prétoriennes. Ce fut donc par la ruse et la prudence qu’il espéra réussir ; voici le projet qu’il imagina. Au commencement du printemps les Romains célèbrent avec solennité la mère dés dieux. Dans cette fête, les citoyens et l’empereur lui-même font porter devant l’image de la déesse ce qu’ils possèdent de plus brillant et de plus précieux, soit pour la matière, soit pour la délicatesse du travail. Chacun jouit alors de la liberté de se livrer aux divertissements les plus bizarres ; on peut choisir tous les déguisements ; il n’est point de dignité si élevée, de personnage si auguste qu’on ne puisse alors représenter avec une fidélité de costume, capable de produire la plus complète illusion. Maternus choisit ce jour comme le plus favorable à ses desseins ; il crut qu’en prenant, lui et ses compagnons, l’uniforme et les armes des gardes de l’empereur, et en se mêlant à la foule des soldats, comme s’ils eussent fait partie du cortége, ils pourraient mettre en défaut toute prévoyance, tomber tout à coup sur Commode et l’égorger. XXXIII. Mais il fut trahi par quelques-uns de ceux qui étaient entrés dans Rome avec lui. L’envie