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et qui le chérissaient comme un fils, devenu le seul gardien des jours du prince, qu’il avait rendu pour ainsi dire son esclave, songea à s’emparer du trône : il obtint de Commode que ses propres fils, très jeunes encore, fussent mis à la tête des troupes d’Illyrie. Pour lui il entassait des sommes immenses, afin d’aliéner du monarque, à force de largesses, les soldats du prétoire. Ses fils, de leur côté, rassemblaient en secret des forces pour s’emparer de l’empire, dès que leur père aurait immolé Commode.

XXV. Ce complot se découvrit d’une manière étrange. Les Romains célébraient en l’honneur de Jupiter Capitolin des jeux sacrés et des exercices d’adresse et de force qui attirent une affluence digne de la ville reine du monde. L’empereur assiste à ces jeux comme spectateur et comme juge, avec les prêtres, désignés alternativement chaque année. Commode s’était donc rendu à cette fête, pour entendre de célèbres acteurs ; il s’était assis sur le siége impérial ; l’amphithéâtre était rempli de spectateurs, rangés avec ordre, et placés chacun selon sa dignité, au rang qui lui était assigné. Avant qu’aucun exercice eût commencé, un homme portant l’habit de philosophe (il avait un bâton à la main, était demi-nu, et une besace pendait à son épaule) s’élance tout à coup, s’arrête au milieu de la scène, et par un geste, commandant