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fois religieux et politique, spirituel et temporel, que, contrairement au véritable esprit du christianisme, y ont installé les siècles. La Rome païenne, qui avait détruit Jérusalem pour avoir fermé le temple du vrai Dieu à ses aigles et à ses idoles ; qui l’avait frappée, par la main de son proconsul Pilate, dans sa représentation la plus philosophique et la plus haute ; qui avait jeté aux quatre coins du monde ses membres épars, et inventé déjà, au temps de Tibère, l’odieux ghetto d’Alexandrie (tradition recueillie plus tard), où 80, 000 juifs mouraient entassés dans un espace pouvant à peine en contenir 10, 000 ; et la Rome chrétienne, qui a accepté ce legs de proscription, et persécuté pendant tant de siècles ce peuple de croyants et de martyrs, véritable initiateur de la foi nouvelle ; ces deux Rome, sur ce point sœurs, comme elles le sont par la majesté des ruines et des souvenirs, deviendraient-elles, en effet, la ville de l’expiation et de la prière ? C’est ce que décidera sans doute dans un avenir prochain ce conseil intime et souverain d’empires ennemis, de religions diverses, de croyances contraires, d’intérêts rivaux, qui règle aujourd’hui les destins du monde, et d’où doit sortir l’harmonie générale.