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les lui renvoie avec tout ce qu’elles recèlent d’agitations et de tempêtes.

Parmi ces questions léguées à l’avenir, la question de Rome, de cette Rome quia été notre point de départ et où nous revenons, sera peut-être la plus difficile, la plus orageuse, la plus insoluble. Quand il s’est agi, à l’éternel honneur de ce siècle, de réédifier la Grèce, cette œuvre glorieuse a pu s’accomplir, imparfaitement sans doute, et malgré de regrettables mutilations : mais enfin elle s’est faite aux applaudissements de tous les esprits éclairés, de tous les cœurs généreux ; et elle s’est faite en vue de l’unité. C’est qu’on pouvait rompre franchement avec le passé : les ruines qui s’appelaient encore Athènes, Sparte, Thèbes, Argos, pouvaient prétendre sans doute à redevenir le siège d’une république ou d’un État séparé ; on a eu la sagesse et le courage de répudier ces traditions funestes, et Athènes, la capitale morale et intellectuelle de l’ancienne Grèce, a été acclamée tout d’une voix la capitale nouvelle de l’État nouveau. Rome, au contraire, sera l’éternel obstacle à la reconstruction, si désirable, d’une Italie unitaire, dont elle est la seule capitale possible, et la seule impossible, grâce à ce pouvoir complexe, à la