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par une route qu’il n’avait pas prévue, puisqu’elle est semée des plus formidables engins de ruine, à son rêve favori, la paix perpétuelle. Ce comité de vigilance, toujours à l’œuvre, cette surveillance mutuelle et jalouse des grands États qui s’observent et se contiennent les uns les autres, paralyse ou châtie au besoin les appétits brutaux, réminiscence de l’ancien monde, flatte les ambitions secrètes, détourne les convoitises ardentes, et par un système hardiment combiné et opiniâtrement suivi, d’actes de rigueur, de mesures préservatrices et de laborieux étayement, maintient à l’état de ruines vivantes les empires qui tombent, spectres galvanisés, tristes fantômes, soutiens cachés des florissantes monarchies qui les éternisent.

Grâce à la force d’initiation de deux peuples civilisateurs, quelque chose est laissé d’ailleurs au libre développement des croyances et des instincts de race ; et ce qui s’épargne de désastres matériels et de sang humain compense et au delà, pour le présent, la lenteur et la restriction des conquêtes morales. Nous disons pour le présent, car nul ne peut pressentir le rôle réservé plus tard à tant de questions qui s’ajournent : c’est le secret de l’avenir, puisqu’on