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de chercher l’emplacement d’une cité nouvelle, ni de faire sortir de terre une capitale. Il n’aurait que le choix entre les grandes cités orientales, Damas, Alep ou la Mecque, et relèverait la monarchie des Ommiades au milieu des féeries des mille et une nuits. Chose singulière, cette fuite volontaire d’une royauté mourante, essayant de revivre sous un autre ciel, cette abdication et cette renaissance simultanée, auraient besoin d’être sanctionnées par le concert européen. Le suicide de l’empire turc en Europe ne lui serait pas même permis. Au temps où nous sommes, les empires n’ont pas plus le droit de se détruire eux-mêmes, qu’ils n’ont ce lui de se constituer sans l’assentiment des autres. Terrible et grave responsabilité que prennent les chefs des nations et leurs conseillers, qui se substituent à la Providence, et deviennent ainsi solidaires des destinées bonnes ou mauvaises de l’humanité.

Car nous ne savons pas si le monde moral n’a pas besoin d’être vivifié de temps à autre par l’engrais des empires détruits, des races proscrites et des civilisations éteintes. La destruction de l’empire grec, et la dissémination tous ses éléments civilisateurs, a été, dans