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mission spirituelle : il n’accepterait pas, fût-elle réelle, la conversion d’un monarque en péril, d’un peuple aux abois ; il ne verrait que des frères, et il emploierait toutes les forces matérielles ou morales dont il dispose pour les sauver, ralliés ou non à sa foi.

Si l’empire grec eût pu survivre à cette crise ; si le pape Nicolas V l’eût voulu ; si l’Europe se fût levée, à sa voix, sous la conduite d’un Jean Huniade, les deux bras de l’Église d’Occident et de son église sœur d’Orient eussent étouffé dans les plaines d’Andrinople le monstre ottoman ; l’empire grec eût traversé les quatre derniers siècles, et sa durée aujourd’hui, malgré toutes les causes possibles d’affaiblissement et de dissolution, serait éternelle.

Les rapports de nations à nations, comme ceux des gouvernants et des gouvernés, ont complétement changé de face. Cette pondération d’intérêts politiques, moraux et religieux, qui, sous le nom d’équilibre européen, maîtrise aujourd’hui les événements et les enchaîne, a modifié de la manière la plus curieuse et la plus profonde l’ensemble des faits qui forme l’histoire, et elle prévient la chute des empires. Les grands battements du cœur des nations, qui pro-