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sérable cause ou quel futile prétexte d’une si grande, d’une si mémorable catastrophe qui devait bouleverser le monde ! Constantin Dracosès, le dernier des Paléologues, réclame de Mahomet II l’acquittement de la pension annuelle que paye le sultan pour son oncle Orcan, retiré à la cour de l’empereur. Que de voix s’élèveraient aujourd’hui des conseils de l’Europe, dans une semblable occurrence, pour calmer le créancier impatient, pour ramener le débiteur à l’accomplissement de sa promesse ! Que d’épargnes royales, que de bourses privées s’ouvriraient au besoin ! Menacé par le terrible voisin qu’il a bravé, qu’il a provoqué, et contre lequel il ne peut soutenir qu’une lutte impuissante et désespérée, Constantin supplie le pape Nicolas V d’appeler à sa défense les peuples de l’Occident, lui promettant de renoncer au schisme et d’entrer avec son peuple dans le giron de l’Église romaine. Le pape n’a pas confiance en cette promesse, parce qu’il la sait contraire au vœu des sujets ; il dénie donc son appui au suppliant ; il refuse cette pieuse et puissante intercession qui aurait sauvé tant de chrétiens ; il préfère le Turc au schismatique. Un pape aujourd’hui (nous le supposons du moins) comprendrait mieux les devoirs de sa