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succession d’empereurs moissonnés tour à tour, Constantin voulut satisfaire ce besoin de nouveauté qui travaille les peuples vieillis, et assurer son règne en le renouvelant. Il entendait d’ailleurs le craquement du vieil édifice romain, menacé de toutes parts par l’irruption prochaine des barbares. Il désespérait de ce peuple à la fois amolli et sanguinaire, s’endormant dans les délices d’un luxe insensé, et dévoré de l’ambition des fonctions publiques ; il comprenait qu’une commotion violente pouvait seule le réveiller de sa torpeur séculaire. Ceux qui ont supposé que, d’une part, l’attachement de Rome pour le paganisme, de l’autre, le souvenir de ses malheurs et de ses crimes de famille, lui avaient fait prendre en aversion le séjour de cette capitale, oublient que Rome n’avait à cette époque ni foi morale, ni foi religieuse, et que lui-même ne se laissait pas déterminer par des motifs de cette nature. Une grande pensée politique l’inspirait seule. La croix de feu qu’il avait vu briller dans le ciel avait pu parler à son imagination et à celle de ses peuples, mais elle avait moins illuminé et purifié son âme que le noble foyer allumé au cœur d’un Marc-Aurèle. Entre Mahomet II (le destructeur de son empire onze siècles plus tard) ac-