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truire l’empire romain, qui était la glorification de la force brutale et la négation de la conscience humaine. Si le génie d’un homme avait pu arrêter le monde romain, marchant vers sa dissolution et vers sa ruine, Marc-Aurèle l’aurait fait ; mais un mouvement général ne peut être contenu par l’exemple ni par la volonté d’un seul. Quand la tyrannie est dans l’air, aucun souffle opposé ne peut prévaloir. Si, au contraire, un grand courant dirige le monde vers les idées de rénovation et de progrès, l’homme de volonté et de pouvoir le plus énergiquement doué ne pourra rien contre cette invincible tendance ; et ce qu’il fera un jour contre la liberté et contre le droit, il le défera plus tard, esclave lui-même de la conscience universelle.

Depuis le règne de Gordien III, où s’arrête Hérodien, l’histoire romaine se traînera encore pendant un siècle environ dans cette fange et dans ce sang ; l’imposante figure de Dioclétien apparaîtra seule pour rompre cette monotonie de crimes et d’abaissement, pour couper cette fièvre de sanguinaire délire, jusqu’au grand coup de Constantin, le déplacement de l’empire, Byzance transformée en Rome nouvelle. Ambitieux, grand politique, effrayé de cette rapide