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Sylla, en corrompant le premier les troupes pour en faire les instruments de son despotisme, avait préparé, sans le prévoir, la chute de1 l’aristocratie romaine et celle de la nation tout entière. L’hérédité, si difficile à maintenir et si désastreuse dans un gouvernement militaire, eut les conséquences les plus déplorables ; les quatre adoptions successives de Trajan, d’Adrien, d’Antonin et de Marc-Aurèle donnèrent seules à Rome dans sa décadence un siècle de gloire, et ravivèrent de nobles souvenirs. Les Romains avaient conquis tout le monde connu ; mais les vainqueurs étaient constamment tenus en haleine par les vaincus. De là, la fatale condescendance des empereurs pour l’armée, leur soutien au dehors et au dedans ; de là aussi l’indifférence et l’abdication du peuple, détourné de l’attention de son régime intérieur par les dangers du de hors et le prestige et l’intérêt des faits militaires. Enfin la destruction de Jérusalem par les Romains avait amené la dispersion des Juifs dans tout l’empire ; cette dispersion y avait répandu les principes d’une morale nouvelle, basée sur la croyance d’un Dieu unique, remunérateur des bons, effroi des méchants. Le christianisme, sorti des flancs sanglants du judaïsme, devait dé-