Page:Hérodien - Histoire romaine, depuis la mort de Marc-Aurèle jusqu'à l'avénement de Gordien III (trad Léon Halévy), 1860.djvu/46

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rent sous les derniers empereurs. Quand un riche était assassiné par un de ses esclaves, tous les autres, sans examen, sans enquête, sans distinction d’âge et de sexe, subissaient le dernier supplice au milieu des plus cruelles tortures. Quatre cents furent immolés ainsi dans un seul jour sous Néron, lors de l’assassinat du préfet de Rome. Chose singulière ! le peuple voulut s’y opposer, et il y eut un soulèvement ; mais les prétoriens étaient là, et il se trouva d’ailleurs un jurisconsulte, Cassius, dont le nom doit être flétri, qui défendit devant le sénat, au nom du droit, cet atroce usage. Legibus laboramus, s’écriait Tacite ; tant il est vrai que les iniquités les plus monstrueuses sont celles que les lois sanctionnent. Tandis que Néron et Caligula tuent pour voler dans les rues de Rome, et que le premier se marie, tantôt comme épouse, tantôt comme époux, à la grande joie de la multitude, des monstres nourrissent des murènes de la chair de leurs esclaves qu’ils jettent vivants dans leurs viviers. Caligula (car c’est toujours à lui qu’il faut revenir, comme au type le plus complet du Romain de ces tristes jours, empereur ou peuple), quand les criminels manquent pour être livrés aux bêtes féroces dans le cirque, fait saisir les pre-