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Il faut le dire aussi : le peuple romain, à cette époque, était tout à fait digne de ses empereurs, et la férocité semblait avoir remonté de la nation à ses chefs. Citons ici une page de la Préface placée par Dureau de la Malle en tête de sa traduction de Tacite[1] ouvrage si remarquable, et, selon nous, le premier monument sérieux de l’art de traduire, en France (nous ne parlons pas des temps antérieurs à la fixation de la langue, ni, par conséquent, d’Amyot) : « Sept cents ans de guerres continuelles, à peine interrompues par deux ou trois intervalles de paix très-courts, en faisant des Romains le peuple le plus intrépide de la terre, en avaient fait un peuple cruel. Leur droit de la guerre et des gens, qui était horrible, l’esclavage domestique, cette foule de nations sauvages qui bordaient leur empire de tous côtés, le pouvoir atroce que les lois donnaient aux pères et aux maris sur les femmes et les enfants, surtout ces combats de gladiateurs, si fréquents dans la capitale et dans les provinces, perpétuels dans les camps, tout contribuait à leur endurcir le cœur

  1. , traduction nouvelle par Dureau de la Malle, première édition, 3 vol. in-8o, 1790.