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bigarrées de promeneurs, qui offrent une variété bizarre de physionomies et d’accoutrements. Là vous pourrez lire sur le front du Parisien si ce que j’ai écrit de son air soucieux, gêné ou compassé n’est pas vrai, et si l’étranger qui lui attribuait, il y a soixante ans, un air riant, ouvert, libre, dégagé, n’est pas autorisé à prononcer aujourd’hui qu’il y a dans ses manières quelque chose de contraint et de triste.

« Je parle de la petite bourgeoisie, la classe assurément la plus nombreuse, et dont l’attitude et le regard me paraissent exprimer un caractère souffrant, indice d’une vie contentieuse et pénible. Le peuple, quand il travaille, me paraît plus gai que lorsqu’il se promène.

« Rien ne doit plus étonner que de le voir s’amonceler dans un jardin public, et là ne faire autre chose pendant une après-dînée entière, que de parcourir les allées et s’asseoir sur des bancs ou des chaises. On voit qu’il ne sait se créer aucun amusement, et qu’un jour de fête est encore pour la petite bourgeoisie un jour où il ne faut rien dépenser ; car l’avertissement pressant de la capitation, envoyé par le terrible receveur, et qui menace de poursuivre, semble écrit sur toutes les physionomies. »