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l’objet d’aucun étonnement, ni d’aucun blâme de la part d’un illustre prélat du neuvième siècle ; la perpétuelle confusion qui se faisait, aux premiers siècles, de la religion juive et de la religion chrétienne, des juifs et des chrétiens eux-mêmes ; le vague, le désaccord et le peu d’autorité des témoignages opposés aux relations contemporaines ; la fable continuellement mêlée à l’histoire dans le récit des persécutions et des martyres, doivent faire apporter la plus grande circonspection et la plus scrupuleuse réserve dans l’appréciation des faits relatifs à l’histoire de l’Église au troisième siècle. Il ne faut pas oublier que Suétone (Règne de Claude, ch. 25) dit que cet empereur chassa de Rome les juifs, « qui, à l’instigation d’un certain Chrest (impulsore Chresto), y suscitaient des troubles fréquents ; » et que l’un des principaux faits de la persécution des chrétiens sous Domitien, c’est l’exil de la femme de Flavius Clemens, cousin germain de l’empereur, parce qu’elle avait embrassé le judaïsme. Ce qui frappera donc le plus vivement l’esprit de tout juge impartial, c’est qu’à cette époque la religion chrétienne ne se dégageait pas encore du judaïsme ; que la résistance héroïque du peuple juif aux armes qui