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les frappent, les appellent avec dérision « les Empereurs du sénat ; » ils leur arrachent la barbe et les sourcils, leur font subir des traitements plus cruels et plus honteux encore, et, les conduisant ainsi à travers toute la ville, ils se dirigent vers leur camp. Ils n’avaient point voulu les tuer dans le palais ; ils aimaient mieux se jouer de leurs victimes encore vivantes, pour leur faire plus longtemps sentir leurs tortures. Mais les Germains, à la nouvelle de ces événements, avaient pris les armes, et s’avançaient à la hâte pour secourir les empereurs : les prétoriens, instruits de leur approche, égorgent enfin les deux princes, dont tout le corps était défiguré par les plus indignes mutilations. Ils laissent les cadavres étendus,sur la voie publique, et. prenant dans leurs bras le jeune Gordien qui était César, ils le déclarent empereur (parce qu’ils n’en trouvaient pas d’autres pour le présent) et crient à la multitude : « Qu’ils ont tué ceux dont le peuple n’avait point voulu d’abord reconnaître l’autorité ; qu’ils ont choisi le petit-fils de Gordien, ce jeune prince, que les armes et la volonté de Rome avaient fait nommer César. » Ils l’entraînent avec eux dans leur camp, en ferment les portes, et s’y tiennent en repos. Cependant les Germains, ayant appris que ces deux empereurs qu’ils couraient secourir étaient étendus sans vie dans les rues de Rome, ne veulent pas commencer une guerre inutile pour des hommes morts