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mot, il ne le cède qu’à un petit nombre pour la réunion de toutes les qualités de l’historien[1]. »

Dans ce jugement sommaire où les mérites de l’écrivain sont appréciés par le juge le plus compétent, un mot surtout nous a frappé : « Hérodien n’omet point le nécessaire. » Mais cependant une grave pensée s’offre à l’esprit. Hérodien ne dit pas un mot des persécutions des chrétiens, qui occupent une si grande place dans les historiens de l’Église au troisième siècle ; il n’en parle pas, et le savant patriarche trouve « qu’il n’omet point le nécessaire. » Hérodien, l’historien si exact et si consciencieux de Septime Sévère, passe sous silence la terrible persécution des chrétiens placée sous ce règne. Il est difficile de comprendre comment il s’abstient de toute mention des martyrs de la religion nouvelle ; comment lui, le conteur disert et habile, il ne nomme pas le pape Zéphirin, son contemporain, ni ces fameux sectaires, Praxéas et Natalis, condamnés comme hérétiques, le premier parce qu’il n’admettait qu’une personne en Dieu, le second parce qu’il ne voyait dans Jésus-Christ qu’un philosophe et

  1. Photios, Bibliotheca Græca, Cod. 99, page 276, in-fol.