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XXI. Ces deux princes gouvernèrent ensuite l’empire avec autant de justice que de modération ; on les louait de toute part, en particulier comme en public. Le peuple se réjouissait d’un pareil choix ; il se glorifiait de ces empereurs, dignes du trône par leur naissance comme par leurs vertus. Mais la fierté des soldats de révoltait ; ils regardaient comme un outrage les acclamations du peuple ; cette noblesse même des empereurs les irritait ; ils s’indignaient d’avoir pour princes des hommes choisis dans le sénat. Ils voyaient aussi avec peine ces Germains qui restaient auprès de Maxime et qui demeuraient à Rome. Ils s’attendaient à trouver en eux des adversaires, s’ils osaient former quelque tentative ; ils les soupçonnaient d’épier l’instant où ils pourraient les désarmer par quelque surprise, et se mettre à leur place, substitution que leur présence continuelle rendait si facile. L’exemple de Sévère, qui avait ainsi désarmé les meurtriers de Pertinax, s’offrait sans cesse à leur pensée. Pendant que l’on célébrait les jeux Capitolins, et que tout le peuple rassemblé s’occupait de fêtes et de spectacles, les sentiments qu’ils cachaient depuis longtemps éclatèrent tout à coup. Ils ne sont plus maîtres de leur rage, et poussés par une fureur insensée, ils se rendent tous au palais, et attaquent les vieux empereurs. Le sort voulut que ces deux princes ne s’entendissent pas entre eux, et que l’un et l’autre cherchât à attirer vers lui la puissance : tant