Page:Hérodien - Histoire romaine, depuis la mort de Marc-Aurèle jusqu'à l'avénement de Gordien III (trad Léon Halévy), 1860.djvu/339

Cette page n’a pas encore été corrigée

partout ils avaient élevé des murs et des portes. Le sénat en outre envoya des personnages consulaires avec les hommes les plus distingués et les plus considérés de toute l’Italie, pour veiller à la garde de toutes les côtes, de tous les ports, et interdire à qui que ce fût la faculté de naviguer, afin que Maximin se trouvât dans une complète ignorance de ce qui se passait à Rome. Les grandes routes, les chemins de traverse étaient soigneusement gardés, et toute circulation y était défendue. Ainsi l’armée qui semblait assiégeante, était assiégée elle-même, puisqu’elle ne pouvait ni prendre Aquilée, ni s’en éloigner pour marcher sur Rome, dépourvue qu’elle était de vaisseaux et de tout moyen de transport ; autour d’elle, toutes les issues avaient été occupées à l’avance et fermées par l’ennemi. La crainte et le soupçon donnaient lieu aux nouvelles les plus exagérées. On répandait dans, le camp que tout le peuple romain était en armes, que l’Italie se levait tout entière, que toutes les nations de l’Illyrie, tous les barbares de l’Orient et du midi rassemblaient des armées, que Maximin était l’objet de la haine la plus générale, la plus unanime. Ces nouvelles plongeaient dans le désespoir les malheureux soldats, qui manquaient de tout, et qui étaient presque privés d’eau ; car la seule qu’ils pussent boire et que leur fournissait le fleuve voisin, était mêlée de sang et infectée de cadavres. Les assiégés, en effet, ne