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vu réellement cette apparition, ou s’ils le supposaient, pour qu’une si grande armée n’eût pas à rougir de n’avoir pu résister à une troupe de citoyens bien inférieure en nombre, et qu’elle parût avoir été vaincue par les dieux et non par les hommes.

VIII. Au reste, il suffit d’un événement inattendu, pour que l’imagination de l’homme ne trouve plus rien d’incroyable. Quand les députés retournèrent, sans avoir rien obtenu, auprès de Maximin, celui-ci, enflammé de colère et de rage, hâta sa marche. Mais, arrivé aux bords d’un fleuve qui est éloigné de la ville de seize bornes milliaires, il le trouva d’une profondeur et d’une largeur immenses. Car la saison, ayant fait fondre les neiges des montagnes voisines, durcies pendant tout l’hiver, avait changé le fleuve en un vaste et impétueux torrent ; l’armée ne pouvait donc point le traverser. Un pont magnifique, grand et bel ouvrage des anciens empereurs, construit en pierres quadrangulaires et soutenu par des arches nombreuses, croissant en hauteur à mesure qu’elles approchaient du milieu du fleuve, avait été coupé et détruit par les habitants d’Aquilée. Comme n’y avait ni ponts ni bateaux, l’armée restait immobile et impuissante contre cet obstacle. Mais quelques Germains, ignorant avec quelle rapidité et quelle violence coulent les fleuves d’Italie, et pensant qu’ils traversaient lentement les campagnes comme les fleuves