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que le plus fort du danger tombât sur eux, et il les sacrifiait sans peine comme des barbares. Quand l’armée eut traversé ainsi toute la plaine en bon ordre, elle s’arrêta devant la première ville d’Italie, que les habitants appellent Éma. Elle est située à l’extrémité de la plaine et au pied des Alpes. Là, Maximin rencontra ses émissaires et les avant-coureurs de l’armée, qui lui apprirent que la ville était déserte et que tous les habitants s’étaient enfuis, après avoir incendié les portes de leurs temples et de leurs maisons ; qu’ils avaient ou emporté ou brillé tout ce qui se trouvait dans la ville ou dans les campagnes environnantes, et qu’il ne restait aucune espèce de vivres ni pour les chevaux ni pour les hommes.

II. Maximin apprit avec joie cette fuite précipitée des Italiens, espérant que toutes les villes suivraient cet exemple, et que nulle part on n’oserait attendre son approche ; l’armée au contraire fut affligée, parce qu’elle avait à souffrir de la faim, dès le début de la campagne. Après avoir passé la nuit, les uns dans la ville, dans l’intérieur des maisons manquant de portes et abandonnées à tout venant, les autres dans la plaine, ils s’avancèrent vers les Alpes avec le soleil naissant. La nature semble avoir élevé cette longue chaîne de montagnes, comme une muraille destinée à défendre l’Italie. Plus hautes que les nues, elles s’étendent si loin, qu’elles couvrent et embrassent