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et se met à leur tête, après leur avoir fait prendre leurs armes. Toutes celles qu’on trouva dans les maisons ou dans les boutiques, lances, épées ou haches, furent à l’instant enlevées. Le peuple, furieux, s’emparait de tous les instruments qui lui tombaient sous la main, pourvu qu’ils fussent propres aux combats. Cette multitude réunie se dirige donc vers le camp, et, comme si elle devait l’emporter sur-le-champ de vive force, s’élance contre les portes et les murs. Mais les soldats, forts de leur longue expérience, se mettent à couvert derrière leurs créneaux et leurs boucliers, accablent de flèches les assaillants, les repoussent avec de longues lances, et les chassent de leur muraille. Lorsque, vers le soir, le peuple fatigué et les gladiateurs blessés voulurent se retirer, les soldats, voyant qu’ils lâchaient pied et tournaient le dos, et qu’ils s’en allaient sans précaution, dans la persuasion où ils étaient qu’un petit nombre d’hommes n’oserait point faire une sortie contre une aussi grande multitude, les soldats, disons-nous, ouvrent tout à coup leurs portes, se précipitent sur le peuple, tuent les gladiateurs, et une foule immense de peuple périt en s’écrasant dans la déroute. Après avoir fait cette poursuite, les soldats, qui ne voulaient point trop s’éloigner de leur camp, revinrent sur leurs pas, et se renfermèrent dans l’enceinte de leur muraille.