Page:Hérodien - Histoire romaine, depuis la mort de Marc-Aurèle jusqu'à l'avénement de Gordien III (trad Léon Halévy), 1860.djvu/319

Cette page n’a pas encore été corrigée

funeste à la ville de Rome, et qui eut pour cause l’audacieuse témérité de deux membres du sénat. Tous les sénateurs s’étaient rassemblés dans le lieu de leurs séances pour délibérer sur l’état des choses. A cette nouvelle, les soldats que Maximin avait laissés au camp (c’étaient des vétérans qui avaient achevé leur temps de service, et que leur grand âge avait retenus à Rome), se rendirent jusque dans le vestibule du sénat, curieux d’apprendre ce qui s’y passait. Ils étaient venus sans armes, couverts de leur plus simple uniforme et de leur petite toge militaire. Ils se tenaient en dehors de la salle avec le reste du peuple, et ne franchissaient point la porte d’entrée. Mais deux ou trois de ces soldats, plus curieux que les autres d’apprendre l’objet de la délibération, entrèrent dans la salle du sénat, et dépassèrent l’autel de la Victoire. Un sénateur, nommé Gallicanus, qui venait de quitter le consulat et qui était d’origine carthaginoise, et un autre qui avait été revêtu de la dignité de préteur et qui se nommait Mécènes, frappent ces soldats, qui ne s’attendaient à rien et qui avaient leurs mains placées sous leurs toges, et leur plongent dans le cœur les poignards qu’ils portaient cachés dans leur sein. Car tous les sénateurs, dans l’état de trouble et de révolution où se trouvait la ville, portaient des armes, les uns ouvertement, les autres en secret, pour se défendre contre les attaques imprévues de leurs ennemis.