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à Rome, un grand trouble, une profonde douleur s’emparèrent du sénat et du peuple. La victoire de Capellien les consternait moins que la mort de l’homme en qui ils avaient placé toutes leurs espérances. Les sénateurs savaient bien qu’ils n’avaient aucun pardon à attendre de Maximin. Outre qu’il nourrissait contre eux une inimitié et une aversion instinctives, il avait maintenant des causes légitimes de les accabler de sa colère, comme des ennemis déclarés. Ils résolurent donc de se rassembler à l’instant, pour examiner le parti qu’il y avait à prendre ; et, puisqu’ils se trouvaient une fois engagés dans le péril, de soutenir la guerre, après avoir mis à leur tête deux empereurs qu’ils éliraient eux-mêmes. Ils voulurent qu’ils se partageassent l’empire, dans la crainte que la puissance, s’affermissant encore dans les mains d’un seul, ne dégénérât de nouveau en tyrannie. Ils se rassemblèrent donc, non pas dans le lieu habituel de leurs séances, mais au temple élevé à Jupiter Capitolin, dans la citadelle qui domine la ville. Ils s’enfermèrent seuls dans le sanctuaire, comme sous les yeux de Jupiter, qui semblait siéger au milieu d’eux et assister à leurs délibérations, et choisirent deux citoyens les plus respectables par leur âge et par la dignité de leur caractère, qui furent élus, non pas à l’unanimité, mais à la majorité des suffrages. Ils déclarèrent aussitôt et créèrent empereurs Maxime et Balbin.