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se servent à la chasse. Mutilant les vaisseaux qui se trouvaient dans le port, ils en façonnèrent le bois sous mille formes, et se firent, comme ils purent, des boucliers. Les Numides excellent à lancer le javelot, et sont de si habiles écuyers, que, sans frein, et à l’aide d’une simple verge, ils dirigent la course de leurs chevaux. Ils n’eurent pas de peine à mettre en fuite la multitude confuse des Carthaginois, qui, incapables de supporter leur choc, se sauvèrent en jetant toutes leurs armes ; ils se pressèrent, se foulèrent aux pieds les uns les autres, et il en périt un plus grand nombre dans cette foule que sous le fer des ennemis. Le fils de Gordien fut tué aussi dans cette déroute avec tous ceux qui l’entouraient. Le nombre des morts fut si grand qu’on ne put enlever les cadavres pour les ensevelir, ni retrouver le corps du jeune chef. Quelques-uns des fuyards, qui avaient pénétré dans Carthage, et qui avaient pu s’y cacher, en se dispersant dans tous les quartiers de cette grande et immense ville, survécurent seuls parmi cette nombreuse multitude. Tout le reste, se trouvant resserré près des portes où chacun s’efforçait de pénétrer, tomba sous les javelots des cavaliers numides ou sous le fer des fantassins. Toute la ville retentit alors des gémissements des femmes et des enfants, qui voyaient périr sous leurs yeux ce qu’ils avaient de plus cher. Quelques-uns disent que ce fut alors seulement