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savait que ce personnage, connu par sa violence et sa cruauté, était très attaché et entièrement dévoué à Maximin. Craignant donc qu’il n’opposât à ses projets une vive résistance, et que, par la terreur qu’il inspirait, il n’empêchât le peuple de se déclarer pour lui, il envoya à Rome le questeur de la province, jeune homme d’un caractère audacieux, dans toute la force, dans toute la vigueur de l’âge, et jaloux d’exposer ses jours pour lui ; il lui donne quelques centurions et quelques soldats. Il leur remet des lettres cachetées, dans une double tablette, telles que sont les dépêches intimes et confidentielles que l’on envoie aux empereurs. Il leur prescrit d’entrer à Rome avant le jour, d’aller trouver sur-le-champ Vitalien, déjà occupé à rendre la justice, et lorsqu’il serait retiré dans la chambre du tribunal où il examinait et parcourait seul les rapports secrets qui lui paraissaient de nature à intéresser la sûreté de l’État. Ils devaient lui annoncer « qu’ils apportaient des dépêches secrètes pour Maximin ; qu’ils avaient été envoyés pour cet objet, qui touchait vivement le salut de l’empire. » Ils devaient ensuite témoigner le désir de l’entretenir en particulier, et de lui faire quelques confidences spéciales dont on les avait chargés ; puis, pendant qu’il serait occupé à reconnaître le cachet des dépêches, s’approcher de lui comme pour lui parler, et le tuer avec les poignards qu’ils tiendraient