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XI. Il se trouva que le jour où se passaient ces événements, Gordien était demeuré chez lui, où il se reposait, donnant quelque relâche à ses travaux et se délassant de ses occupations habituelles. Les jeunes conspirateurs, l’épée nue et suivis de tout leur cortége, se précipitent dans son palais, après en avoir renversé les gardes, et le surprennent couché sur un lit de repos. Ils l’environnent, le couvrent de la chlamyde de pourpre, et le saluent des acclamations réservées aux empereurs. Mais Gordien, effrayé d’un événement si inattendu, pensant que c’est un piége, un complot tramé contre ses jours, s’élance à terre hors du lit, et les supplie « d’épargner un vieillard dont ils n’ont reçu aucune injustice, de conserver à leur prince leur fidélité et leur amour. » Comme ils ne cessaient de le presser, l’épée à la main, et qu’il restait dans la crainte et dans l’incertitude, ne connaissant point ce qui s’était passé, ni la cause de sa situation présente, un des jeunes gens qui l’emportait sur les autres en noblesse et en éloquence, ordonne à ses compagnons de se taire, de se tenir en repos, et la main sur la poignée de son épée, parle en ces termes à Gordien :

XII. « Deux périls s’offrent à toi, l’un présent, l’autre à venir, l’un déjà visible, l’autre douteux et incertain. Il faut que tu choisisses aujourd’hui ou de passer sain et sauf de notre côté, et de te