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il voulait obtenir d’eux sans délai le payement de fortes amendes, et leur enlever le bien de leurs pères et de leurs aïeux. Ces jeunes gens, exaspérés par celle conduite, lui promettent de lui payer la somme qu’il exige, mais demandent un délai de trois jours. Ils forment alors une conjuration, y entraînent tous ceux qu’ils savent avoir éprouvé quelque injurieux traitement, ou qui tremblent d’en éprouver à l’avenir, et ordonnent aux jeunes villageois de leurs terres de se rendre de nuit à la ville, armés de bâtons et de haches. Obéissant à l’ordre de leurs maîtres, ils se rassemblent dans la ville avant le jour, cachant sous leurs vêtements les armes qu’ils ont apportées pour cette guerre improvisée. Une assez grande multitude se trouva ainsi réunie ; car la Libye, région très peuplée, avait surtout un nombre considérable d’agriculteurs. Aux premières lueurs de l’aube, leurs jeunes maîtres viennent les trouver et leur ordonnent de marcher derrière eux, à la suite de leurs nombreux esclaves, comme s’ils faisaient partie du peuple. Ils leur prescrivent de ne découvrir les armes qu’ils portaient et de n’engager une lutte courageuse, que lorsqu’ils les verraient attaqués eux-mêmes, soit par les soldats, soit par le peuple, qui voudraient venger le coup qu’ils avaient médité. Ils cachent des poignards dans leur sein, et vont trouver le procurateur romain, comme pour traiter avec lui du payement de l’amende. L’attaquant alors à l’improviste,