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ils se voyaient exposés à la haine de leurs parents, de leurs concitoyens, qui leur reprochaient d’être la cause de toutes les violences de Maximin. Tels étaient les motifs, trop légitimes, qui poussaient les peuples à la haine et à la défection ; chacun adressait ses prières au ciel et invoquait les dieux outragés ; mais personne n’osait donner le signal de la révolte. Enfin, lorsque la troisième année du règne de Maximin venait de s’accomplir, les Libyens, saisissant un frivole et léger prétexte (c’est toujours ainsi que les tyrannies s’écroulent ), prennent les premiers les armes, et se décident à une révolte ouverte. Voici quelle fut la cause de ce mouvement.

X. Un procurateur administrait la province de Carthage de la manière la plus tyrannique ; il multipliait avec une extrême cruauté les condamnations et les amendes, désirant se faire valoir auprès de Maximin ; car ce prince chérissait ceux qu’il savait être d’un caractère conforme au sien ; et s’il se trouvait encore quelques hommes probes dans le maniement des finances (ce qui arrivait bien rarement), comme ils avaient toujours devant les yeux l’image du danger et qu’ils connaissaient la cupidité de l’empereur, ils se voyaient contraints d’imiter les autres. Ce procurateur de Libye traitait donc avec violence ses administrés ; il accablait surtout de condamnations quelques jeunes gens des familles nobles et opulentes du pays ;