Page:Hérodien - Histoire romaine, depuis la mort de Marc-Aurèle jusqu'à l'avénement de Gordien III (trad Léon Halévy), 1860.djvu/296

Cette page n’a pas encore été corrigée

furent que médiocrement touchés. Le peuple, en effet, ne s’occupe guère du malheur des puissants et des riches ; souvent même, sa malignité, sa méchanceté s’en réjouit, tant il porte envie à la puissance et à la fortune.

IX. Mais quand Maximin eut réduit à la pauvreté la plupart des familles illustres (ce qui lui paraissait peu de chose et ne contentait nullement son avarice), il passa aux propriétés publiques, et détourna pour lui-même les trésors des villes, destinés soit à l’achat du blé, soit aux besoins du peuple, soit aux théâtres ou aux fêtes ; bientôt les trésors des temples, les statues des dieux et des héros, les monuments élevés aux frais publics et destinés à l’embellissement des villes, les matières propres à fabriquer de la monnaie, tout fut confisqué à son profit. Ces déprédations plongèrent le peuple dans l’affliction la plus profonde ; la douleur publique éclatait de toute part à la vue de ces villes dépouillées et comme prises d’assaut, sans qu’il y eût de guerre ni d’ennemis. On vit même des citoyens, les mains tendues vers le ciel, veiller à la garde de leurs temples, prêts à se faire tuer et à tomber au pied des autels, plutôt que d’être témoins du pillage de leur ville natale. L’esprit du peuple parut animé d’une grande effervescence dans les villes comme dans les provinces. Les soldats eux-mêmes ne supportaient qu’avec peine les excès de l’empereur ;