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toute licence aux délateurs, ou plutôt on les encourageait à calomnier les citoyens, à remonter, s’il le fallait, jusqu’aux aïeux pour accuser les descendants, à soulever des procès ignorés, ou qui n’avaient jamais existé. Il suffisait d’être appelé en justice par un délateur, pour sortir de sa maison vaincu d’avance et dépouillé de tous ses biens. Chaque jour on pouvait voir réduits à la mendicité des hommes qui, la veille, vivaient dans l’opulence. Telle était l’insatiable cupidité d’une tyrannie qui donnait pour prétexte à ses exactions les largesses continuelles qu’il fallait faire aux soldats. Maximin prêtait à toutes les calomnies une oreille facile ; il ne tenait nul compte de l’âge ou du rang. Bien souvent sur l’accusation la plus faible, la plus légère, il faisait saisir des gouverneurs de provinces ou des commandants d’armée, personnages qui avaient exercé la dignité consulaire et qu’entourait la gloire de leurs anciens trophées ; il ordonnait qu’on les emmenât seuls, sans suite, sur des chariots, qu’on les fit voyager le jour et la nuit pour les conduire ainsi d’Orient, d’Occident ou du Midi (selon le lieu de leur résidence) en Pannonie, où il demeurait alors. Après les avoir accablés de mauvais traitements et d’outrages, il les punissait de l’exil ou de la mort. Tant que Maximin ne se conduisit ainsi qu’envers quelques particuliers, et que ces malheurs ne s’étendirent pas au delà du cercle de leurs familles, les habitants des villes et ceux des provinces n’en