Page:Hérodien - Histoire romaine, depuis la mort de Marc-Aurèle jusqu'à l'avénement de Gordien III (trad Léon Halévy), 1860.djvu/289

Cette page n’a pas encore été corrigée

les soldats de transférer l’empire sur sa tête. Telle devait être, disait-on, la marelle du complot. Maximin, après avoir fait jeter un pont sur le Rhin, était sur le point de s’avancer contre les Germains ; car, dès qu’il eut pris en main le pouvoir, il s’était vivement occupé de la guerre. Comme on semblait l’avoir choisi pour le trône à cause de sa taille élevée, de sa force guerrière et de son expérience dans le métier des armes, il voulait confirmer sa réputation et l’opinion qu’avaient conçue de lui les soldats ; il voulait prouver en même temps qu’on avait eu raison d’accuser l’indolence d’Alexandre et sa timidité dans la guerre. Aussi ne cessait-il de former et d’exercer ses soldats. Lui-même, toujours sous les armes, animait par son exemple et par ses discours le zèle de son armée. Le pont était donc achevé, et Maximin allait passer le fleuve pour attaquer les Germains. On disait que Magnus avait engagé un grand nombre de soldats, les meilleurs de toute l’armée, et surtout ceux auxquels étaient confiées la garde et la conservation du pont, à le détruire aussitôt que Maximin l’aurait passé, afin de le livrer aux barbares, tout moyen de retour lui étant enlevé. Ce fleuve est en effet très large et d’une profondeur extrême, et Maximin n’eût jamais pu revenir sur ses pas, ne trouvant sur la rive ennemie aucune embarcation qui pat suppléer à la rupture du pont. Tel était le bruit sur ce complot, soit que l’accusation fût fondée,