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stature et de sa force corporelle, dans l’obscure milice de ces contrées, la fortune l’avait conduit comme par la main jusqu’au trône de Rome. Maximin commença par éloigner tous les amis qui entouraient Alexandre, et les conseillers qu’on lui avait choisis dans le sénat ; il renvoya les uns à Rome, écarta les autres en leur confiant des charges lointaines. Il désirait être seul à l’armée ; il voulait qu’il n’y eût autour de lui personne qui se crût supérieur à lui par la conscience d’une naissance illustre. Il voulait, comme du haut d’une citadelle inexpugnable, sans qu’il y eût en sa présence aucun homme à qui il fût obligé de témoigner du respect, se livrer à son aise à tous les actes du despotisme. Il chassa de la cour impériale tous les officiers qui avaient été au service d’Alexandre pendant tant d’années, et fit périr la plupart d’entre eux, les soupçonnant de complots, car il savait qu’ils pleuraient la mort de leur maître.

II. Mais une circonstance nouvelle vint stimuler encore sa cruauté naturelle et augmenter sa fureur contre tous les Romains : ce fut la découverte d’une conjuration tramée contre ses jours, et dans laquelle avaient trempé beaucoup de centurions et le sénat tout entier. Il y avait un patricien, personnage consulaire, nommé Magnus. Ce fut lui qu’on dénonça à Maximin comme rassemblant contre lui des forces, et comme solli-