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I. Nous avons consacré le livre précédent à la vie d’Alexandre, et nous avons raconté sa mort après un règne de quatorze ans. Maximin, parvenu à l’empire, changea totalement la face des choses : il usa de son pouvoir avec violence, avec une rigueur qui inspira l’effroi. Il s’efforça de faire succéder partout au gouvernement le plus doux et le plus modéré toutes les cruautés de la tyrannie. Il était poussé à ces excès par la conscience de son origine obscure, par l’idée que, le premier, il avait été élevé de la condition la plus abjecte à une si haute fortune. Il n’était pas moins barbare de caractère et de mœurs que de nation. Il avait conservé ces inclinations sanguinaires, naturelles à son pays et à son climat, et mettait tous ses soins à affermir son règne par la cruauté, craignant toujours qu’il ne fat un objet de mépris pour les sénateurs et pour tous ses sujets, et qu’ils songeassent moins à son élévation présente qu’aux langes grossières de son berceau. En effet, on répandait partout ce bruit déshonorant pour sa vanité, qu’après avoir gardé les troupeaux dans les montagnes de la Thrace, et s’être enrôlé, à cause de sa haute