Page:Hérodien - Histoire romaine, depuis la mort de Marc-Aurèle jusqu'à l'avénement de Gordien III (trad Léon Halévy), 1860.djvu/285

Cette page n’a pas encore été corrigée

approche, qu’on voit au loin se soulever des tourbillons de poussière, qu’on entend les cris d’une grande multitude qui s’avance. Alexandre sort de nouveau dans la plaine, convoque ses soldats et les supplie de « combattre pour sa défense, de sauver un prince qu’ils ont élevé eux-mêmes, et qui, pendant quatorze ans de règne, ne leur a point donné le moindre. sujet de plainte. » Après les avoir ainsi excités tous à la compassion et à la pitié, il leur ordonne de s’armer, de sortir du camp pour repousser l’attaque. Les soldats promettent d’abord ; mais peu à peu ils se retirent, ils refusent de prendre les armes. Quelques-uns même demandent la tête du préfet du prétoire et des autres favoris d’Alexandre, sous prétexte qu’ils sont les vrais auteurs de cette trahison. D’autres reprochent à sa mère sa cupidité, les trésors qu’elle cache à tous les yeux ; ils l’accusent d’avoir attiré sur Alexandre, par son excessive avarice, par ses économies sordides, la haine de l’armée entière. Ils restèrent pendant quelque temps immobiles à pousser ces confuses clameurs. Mais quand les soldats de Maximin se trouvèrent en vue de ceux d’Alexandre, quand ils exhortèrent leurs compagnons à abandonner une femme avare et un enfant pusillanime, esclave de sa mère, à se ranger sous les drapeaux d’un homme brave et expérimenté, d’un compagnon d’armes qui avait passé sa vie dans les camps et dans les travaux guerriers ; obéissant à la voix de leurs