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étaient épuisées ; convaincus que le nouveau règne qu’ils se préparaient serait aussi profitable à leur cupidité que cher à l’ambition et aux vœux de l’homme qui le recevrait contre toute attente, ils résolurent de renverser Alexandre et de déclarer « empereur et Auguste » Maximin, leur compagnon d’armes, leur camarade de tente, que son expérience et son courage rendaient si propre à la guerre actuelle. Ils se rassemblent donc en armes dans leur camp de manœuvres ; Maximin survient et arrive au milieu d’eux comme pour les exercices accoutumés, et alors, soit qu’il fat étranger à cet événement, soit qu’il l’eût préparé d’abord dans le silence, ils le couvrent de la pourpre impériale, et le proclament empereur. Maximin refuse d’abord ; il rejette la pourpre qu’on lui offre ; mais, les voyant insister le fer à la main, et le menacer de la mort, il préfère le danger de l’avenir au péril présent, et se résigne à l’honneur de la couronne : depuis longtemps d’ailleurs, disait-il, des oracles, des songes lui avaient fréquemment annoncé une telle fortune. Il proteste toutefois que ce n’est ni de son gré, ni de sa propre volonté, qu’il reçoit l’empire, mais pour obéir à la volonté des soldats ; il leur recommande en même temps de soutenir par une exécution prompte ce qu’ils ont résolu de faire ; de prendre leurs armes, de marcher sans délai vers Alexandre, avant qu’il fût instruit, et de devancer le bruit de leur révolte. Il fallait effrayer les soldats qui