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ils sont navigables, à cause de la profondeur et du la largeur de leur courant ; mais pendant l’hiver, gelés par la rigueur du froid, on les traverse à cheval comme une plaine. L’eau de ces fleuves, auparavant si limpide, durcit alors jusqu’au fond, et acquiert tant de solidité que, non seulement elle résiste à la corne du cheval et au pied de l’homme, mais ceux qui veulent s’en procurer viennent avec des haches et des cognées, en guise d’urnes et d’amphores, la brisent, et emportent dans leurs mains, comme une pierre, cette eau qu’ils ont puisée sans vase. Telle est la nature de ces fleuves.

XVI. Alexandre avait dans son armée beaucoup de Maures et un grand nombre d’archers qu’il avait emmenés avec lui d’Orient ; les uns venaient du pays des Osroéniens, les autres étaient des Parthes, qui avaient déserté leurs drapeaux, ou que l’appât de l’or avait engagés à.le suivre comme auxiliaires. Il formait ces troupes, songeant à les opposer aux Germains. Ce sont en effet celles qui leur sont le plus redoutables. Les Maures lancent à une grande distance leurs javelots ; ils se précipitent sur l’ennemi, puis reculent avec une extrême agilité ; les archers dirigent de loin, comme sur un but assuré, leurs flèches sur les têtes nues, sur les corps élevés des barbares. Souvent les Germains s’élançaient pour combattre de pied ferme ; ils engageaient une lutte opiniâtre,