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eux de toutes parts une multitude de traits, et détruit cette armée entière. En petit nombre, les soldats romains ne pouvaient résister à cette foule immense d’ennemis. Il leur fallait continuellement couvrir de leurs boucliers les parties nues de leur corps, exposées à une grêle de flèches. Tout ce qu’ils désiraient, c’était de sauver ainsi leur vie : ils ne pouvaient plus songer à combattre. Serrés en masse, entourés de leurs boucliers comme d’un rempart, ils soutenaient une espèce de siége : écrasés sous une nuée de javelots, ils résistèrent aussi vaillamment qu’ils le purent dans cette position, jusqu’à ce qu’enfin ils périrent tous. Calamité terrible et presque sans exemple pour les Romains ! Une grande armée était détruite, qui ne le cédait ni en courage, ni en force, à aucune des anciennes armées romaines. Un succès aussi important enfla l’orgueil du Perse et lui fit espérer de plus grandes choses.

XIV. Quand ces nouvelles furent apportées à Alexandre, qui était alors malade, soit de chagrin, soit par l’influence d’un climat nouveau pour lui, il tomba dans une affliction profonde, et le reste de l’armée conçut contre lui une violente colère. Les soldats s’indignaient que par un mensonge, par un manque de parole, il eût livré l’armée qui, sur son ordre, avait pénétré chez les Parthes. Cependant il devint impossible à l’empereur de supporter plus