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la plupart des historiens de l’antiquité ; mais il rachète ces imperfections par le soin qu’il apporte à la peinture des mœurs, des coutumes locales et à la vérité de ses tableaux. Nous en citerons pour exemple son récit des honneurs funèbres rendus à Septime Sévère, et sa description si détaillée des cérémonies de l’apothéose, au milieu desquelles s’accomplissait la divinisation des empereurs, l’une des pages les plus précieuses que nous ait laissées l’antiquité[1]. Témoin sincère et véridique, on voit qu’il ne cherche pas à pénétrer le secret de l’histoire, et qu’il semble plutôt croire, comme la plupart des anciens, qu’elle n’en a qu’un seul, les passions de l’homme. S’il n’est pas, dans toute l’acception du mot, un conteur anecdotique, comme Suétone, s’il sait peindre autant que raconter, et s’élève presque toujours jusqu’à toute la gravité de l’histoire, il n’en appartient pas moins, par la nature descriptive et tempérée de ses récits, à la classe des annalistes et des narrateurs, et il contribue à remplir une des lacunes de la littérature ancienne, plus riche en grandes pages, en imposants tableaux, qu’en curieuses esquisses des usages et

  1. Voyez livre IV, ch iii, pages 138 et suiv.